«ROPA» vente de vêtements
Au début de la mission du Père Armand, des groupes de Québécois se rendaient au Guatemala visiter principalement notre mission de Champerico. Ils apportaient avec eux plus de 60 sacs de vêtements et chaussures pour les enfants.
Durant toute l’année, des bénévoles du Québec ramassaient des vêtements usagés mais réutilisables, des chaussures, des jouets en bon état; ils les remisaient au sous-sol de l’église St-Jean de Matha, du presbytère Saint-Joachim de Pointe-Claire et, pendant plusieurs années, dans deux appartements ainsi que dans le garage de ma résidence de Pointe-Claire.
Quelques semaines avant le départ d’un groupe, chaque article était vérifié, classé, lavé et placé dans des sacs très résistants en denim. Ce sont les organisateurs de ces voyages, Lise et Marc Hébert, qui ont fait fabriquer ces sacs indispensables dont l’on se sert encore aujourd’hui. À cette époque, les compagnies aériennes transportaient ces sacs en grands nombres, gratuitement, en plus de nos bagages personnels. C’était le bon temps!
C’est dans la région de Champerico que les ventes appelées « ropa » en espagnol, s’organisaient plusieurs fois par semaine et même, à l’occasion, deux fois par jour.
Le Frère Rejean, confrère du Père Armand, connaissait presque toutes les familles de la région et savait à qui les vêtements seraient les plus utiles. Il choisissait les endroits où les ventes auraient lieu et distribuait des billets aux mères leur permettant de se présenter à la vente. Le but principal de cette activité était de venir en aide aux familles les plus nécessiteuses qui utiliseraient ces vêtements pour leur famille immédiate. Les vêtements ou chaussures étaient vendus à des prix dérisoires : .10¢, .25¢, .50¢ jusqu’à 1$. Avec quelques quetzales, amassés durant toute l’année, la maman pouvait habiller toute sa famille.
Même si les mères avaient déjà le billet leur garantissant le droit d’entrée, elles arrivaient toutes en même temps très tôt le matin. Les hommes se chargeaient de contrôler les entrées et ne laissaient passer que quelques personnes à la fois. On entendait souvent crier « a la cola », c’est-à-dire à la file, pour rétablir l’ordre.
Dans la salle, les articles étaient tous bien placés par catégorie sur les tables et nos vacancières/bénévoles s’occupaient de servir les acheteuses avec bonne humeur et courtoisie. Les mères étaient heureuses de pouvoir se procurer des vêtements qui répondaient à leurs besoins et qu’elles payaient elles-mêmes; pour elles, c’était Noël, même en mars.
Nous avons vécu des expériences extraordinaires, même en travaillant sous un soleil brûlant, mais cela n’était pas important. Nous le faisions bénévolement et rendions heureuse et reconnaissante cette population si attachante. Les recettes de ces ventes étaient laissées au Frère Réjean qui les distribuait aux plus nécessiteux.
Quels beaux souvenirs!
À la prochaine, Eugène Sergerie
La revue du Père Armand, hiver 2010